Thèmes

coeur couples vie moi bonne monde amour homme fond chez coeur histoire femme france musique mer amitié fille nuit soi femmes mort chien tube pensée tubes papier anniversaire pensées artiste anniversaire

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· La mort du romantisme (51)
· Maitre Renard, mauvais queutard (7)

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· Le romantisme, définition
· La mort du romantisme, acte 1
· La mort du romantisme acte 17
· La mort du romantisme... Saison 2... Acte 1... Scène 12...
· La mort du romantisme acte 15

· La mort du romantisme, acte 3
· La mort du romantisme, acte 7
· la mort du romantisme... Saison 2... Acte 1... Scène 14...
· La mort du romantisme... Saison 2... Acte 1... Scène 13...
· La mort du romantisme acte 16
· Dans une larme...
· La mort du romantisme acte 19... Scène 1
· La mort du romantisme, acte 5
· La mort du romantisme acte 19, scène 4...
· Renard et le bracelet vert

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "25emeheure" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 03.02.2012
Dernière mise à jour : 05.07.2014
63 articles


La mort du romantisme... Saison 2... Acte 1... Scène 15...

 

Bouh... La mort du romantisme... Saison 2

... Acte 1: Une route pavée de bonnes intentions...

... Scène 15: Secret Story...

 

- En fait, ce que je ne t'ai dit pas, c'est qu'il y a quelques années, il s'est effectivement passé quelque chose...

 

Dépressix fixait sa copine toujours aussi froidement, les bras croisés. Concentré, il analysait son comportement, prêt à sauter sur le moindre détail qui la trahirait. Il exigeait la vérité, aussi scrutait-il les mains de la demoiselles, l'inclinaison de ses épaules, sa manière d'articuler ainsi que le ton de sa voix. Il ne lui laisserait pas le moindre espace pour tronquer son histoire. Néanmoins, il avait conscience de ne devoir interrompre en aucun cas son récit.

Les yeux de la jeune fille firent la mise au point sur le vide, puis elle reprit son monologue.

 

- Je ne sais pas si tu comprendras, mais bon.. Je t'ai déjà dit que l'amitié, pour moi, c'était hyper important. C'est vraiment quelque chose de sacrée, et je n'aime pas les trahisons.

 

Le garçon fronça légèrement les sourcils. Il ne comprenait pas le rapport avec lui, avec eux ou encore avec leur vie de couple des derniers mois. Il but une gorgée et alluma une clope. En arrière-fond, la voix de Bono clamait que malgré les chemins et les kilomètres parcourus, il n'avait toujours pas trouver ce qu'il cherchait.

 

"- T'es pas le seul, mon coco, t'es pas le seul. Mais la vraie question, c'est: au cours de ta quête, as-tu croisé des spécimens aussi bizarre que le truc en face de moi?".

Sandrine se triturait nerveusement les mains cligner des yeux. Les mots qu'elle prononçait sonnaient vrais, déclammés avec une voix plus grave et plus intérieure que d'ordinaire. Dépressix prenait son mal en patience en tétant sa marlboro.

Elle ferma les yeux un court instant, puis reprit.

 

- Il y a quelques années, reprit Sandrine, j'avais une meilleure amie. Une fille super, avec qui on partageait tout. Je l'avais rencontrée peu de temps après être sorti avec un mec, avec qui ça s'était mal passé. C'était une période géniale. Je venais de finir mes études et je rentrais dans la vie active. On s'appelait tous les jours, on se voyait tous les soirs après nos boulots respectifs, et on partaient en week-end. On a passé des super vacances et des super moments...

 

Elle soupira et marqua un temps d'arrêt. Les souvenirs la saisissaient encore aux tripes, et les cicatrices laissées par cette histoire apparaissaient au fil des mots. Elle se livrait sincèrement à son compagnon, sans bouclier ni armure.

 

- On partageait vraiment tout. Peu à peu, je me suis éloignée de mes amies d'enfance, même de ma famille. Tout ce que je faisais, je le faisais avec elle. C'était vraiment génial, on ne se posait aucune question, on vivait, c'est tout. Mes copines me disaient de m'en méfier, de faire attention, parce que j'étais en train de perdre peu à peu certaines relations, voir même de me perdre, mais je ne les ai pas écoutées. Et puis au bout de quelques années, du jour au lendemain, je n'ai plus eu de nouvelles. Elle ne m'appelait plus, et je devais lui courir après pour qu'on se voit. Au début elle me répondait, puis un peu moins, puis plus du tout... On ne faisait plus rien, et je me suis sentie abandonnée.

- Laisse-moi deviner, elle a rencontré quelqu'un?

- Oui, effectivement, elle avait rencontré quelqu'un... Et donc d'un coup d'un seul, je n'avais plus ma place, et je me suis retrouvée toute seule. Vu que j'avais mis beaucoup de gens de côtés, je n'avais plus personne...

 

Sa voix venait de changer. Plus dure, plus sèche. Elle revivait l'instant, encore pleinement frappée par la douleur de l'époque. Elle emmagasinait les conséquences de cette déception depuis des années, chacune de ses journées dévorées par la colère, sans qu'elle ne se l'avoue jamais. A chaque fin de phrase, elle serrait fermement les mâchoires avant de reprendre sa respiration.

 

- Et puis un jour, environ deux ans plus tard, ce fameux "quelqu'un" m'a contactée.

- Ah, il t'avait appelé pour reprendre le contact? demanda le garçon, un brin déboussolé: il ne voyait toujours pas le rapport entre cette histoire et la leur.

 

Sandrine grimaça: quelque chose l'avait fait tiquer dans la question de son compagnon. Elle enchaîna néanmoins.

 

- C'était l'anniversaire de ma copine, et une fête s'organisait. Cela aurait "apparemment" fait plaisir à ma copine que je sois là, donc ce "quelqu'un" m'a invité, et a insisté pour que je sois là. Alors j'ai fait le trajet. Parce qu'entre temps, le couple s'était installée à trois heures de route de Paris. Mais bon, en même temps j'y allais pour avoir des réponses. Je venais de passer deux ans à essayer d'appeler ma copine pour savoir ce qu'il se passait, et comment elle avait pu me sortir de sa vie de cette manière. Et sur place, j'ai compris ce qu' "être déçue” signifiait.

- C'est à dire, ça s'est mal passé?

- Je me suis rendue compte qu'il n'y avait plus rien. Nos rapports avaient changé, on était plus sur la même longueur d'onde. Elle m'a à peine parlé, pour se contenter de me dire des banalités. Toute complicité avait disparu, et elle a passé la plupart de sa soirée avec ce "quelqu'un". J'aurai du dormir sur place, mais même crevée, j'ai préféré reprendre la route et rentrer chez moi. Et après, je n'ai plus jamais eu la moindre nouvelle. Et je n'ai jamais cherché à en avoir.

 

Elle saisit un nouvelle clope, et s'enfonça dans le canapé.

Dépressix haussait les sourcils, un peu décontenancé. Il voulait des réponses, mais grâce aux informations contenues dans le récit de Sandrine, il n'avait glané rien d'autre que de nouvelles questions.

 

"- Ok... Je te demande pourquoi notre vie de couple est foireuse, et tu me parles de ta meilleure amie quand t'avais 20 ans... Euh, excuse moi d'être con, mais en quoi cette histoire t'empêche t-elle de me faire une pipounette avant qu'on se couche, de me tirer sur la nouille ou de m'empêcher de te lécher le minou... Là, j'ai du mal à faire le lien de cause-à-effets... Donc, il va falloir que je creuse... Putain, au moins cette conne aura été constante: incompréhensible et chiante de bout en bout... Et au moins, me voilà rassuré, je ne suis pas le premier mec avec qui tu sors, puisque t'as rencontré cette copine après une rupture. Je ne suis donc pas le seul à avoir subit le calvaire de sortir avec toi!!! Mais on verra ça plus tard, chaque chose en son temps..."

Il tendit ses jambes, songeur et perplexe. Par où commencer? Peut être valait-il mieux attendre, au cas où la demoiselle reprendrait la parole.

Après quelques instants, il comprit que Sandrine en avait terminé avec son récit. Mais manifestement, son esprit revivait encore cette situation. Elle ne bougeait plus, la tête et les épaules figées. Elle n'était plus là, partie des années en arrière.

Alors que devait-il comprendre? Il se lança à la pêche aux réponses.

 

- Bon, en même temps, c'est normal de rencontrer quelqu'un et de faire sa vie avec lui. Tu ne te maries pas avec tes potes, ou tes copines en l'occurrence. Vous n'en avez jamais reparlé? Tu n'as jamais ré-essayer d'avoir des nouvelles?

- Non, pas depuis cette soirée, répondit-elle, le visage fermé et le regard songeur.

- Mais, vous avez quand même été super proche pendant des années, d'après ce que je comprends. Mais pendant ces quelques années, vous avez bien approché des mecs? Aucune de vous n'a jamais eu de copain.

- Ensemble, on avait pas besoin de mecs! On avait tout ce qu'il nous fallait!

 

Sa réponse coïncida avec un volte-face aussi brutal que le ton de sa voix. La colère et l'agressivité suintait à travers ses yeux, et ses mâchoires auraient nécessité un étau pour les desserrer.

Dépressix fixait son visage déformé par la violence, réellement surpris. Il poursuivit son exploration.

 

- Ok.. Pas besoin de... Ok... Mais, comment est-ce qu'elle a rencontré son mec, après? Dans une soirée, au boulot, dans la rue?

 

Sandrine ne répondit pas et haussa les épaules. Elle avait replongé dans les méandres de sa mémoire.

 

- Et sinon, à cette soirée, t'avais parlé un peu avec son mec?

- Je n'étais pas là-bas pour faire connaissance avec son "quelqu'un"., répondit-elle dans une grimace froide et dédaigneuse. J'y allais pour revoir ma copine.

- Oui, mais c'était quand même son mec qui t'avais appelé.

 

Là, Dépressix remarqua la crispation supplémentaire au niveau des mandibules de l'aide soignante. Elle serrait les mâchoires à s'en faire exploser les dents.

Et alors, il comprit. Il vit la lumière. Toutes les pièces du puzzle s'imbriquèrent d'un seul coup, formant un ensemble complexe mais terriblement simple et cohérent. Le temps d'une question et il aurait la confirmation.

Mais en son for intérieur, il savait... Rien ne l'obligeait à dire ces mots, à formuler cette interrogation, et à provoquer cette réponse parce que sur l'instant, l'évidence lui semblait limpide.

Pourtant, il la posa, pour forcer Sandrine à le dire à haute voix. Pour qu'elle réalise également, pour qu'elle comprenne par elle-même. Parce que ce genre de chose doit être "réalisé" et non "expliqué".

Il clos les paupières, respira, puis se lança.

 

- Mais, dis-moi, juste une question comme ça. Ta copine, quand tu dis qu'elle a rencontré quelqu'un, c'était un mec ou...

- ... Ou quoi?, murmura la demoiselle.

- Ou une nana? termina le garçon avec l'hésitation de celui qui sait sa question inutile.

- Non, c'était une fille., déclara Sandrine sans la moindre émotion.

 

Ce fut au tour de Dépressix de fixer le vide, projetant son regard le plus loin possible. Et comme d'habitude, son esprit se mit en branle dans la foulée.

 

"- Bah voilà, tu vois, tout s'explique. Le problème, ce n'est ni la taille de ton bout, ni son odeur de fruits de mer. Non, le soucis, c'est tout simplement que TU AS une bite. Ah bah finalement, c'était pas si compliqué! En fait, Tu te fais chier depuis des mois à essayer d'avoir une vie de couple avec une lesbienne refoulée. Des plans de merde, t'en as connus, mais pour le cas, celui-ci est un inédit!!! Alors, ma chère Sandrine, comment te dire? Ta copine en a tout simplement eu ras-le-cul d'attendre que tu ne te décides à t'avouer la vérité et à sauter le pas "physiquement". Elle s'est simplement tournée vers une autre nana avec qui elle pouvait vivre l'intégralité d'une relation. Elle a accepté d'aimer les femmes, ce toi  comme tu refusais et refuses toujours d'admettre. Donc forcément, comme le temps passe et que la vie est courte, elle t'a laissé sur le bord de la route..."

 

Dépressix enfonça ses mains dans ses poches et soupira. Il essayait vainement de fixer son attention sur la musique, mais il réfléchissait à une vitesse folle.

"- Ah!!! Bah mon Dépressix, te voilà rassuré! Tu n'as rien à te reprocher, si ce n'est ta capacité à t’entêter dans des histoires à la con, et à choisir exactement les nanas qu'il ne faut pas!!! Putain, t'avais une bonnasse de 25 ans qui boit et qui baise, et non, t'as choisit la vieille goudou qui ne s'assume pas!!! Bien joué mon con, bien joué!!! T'es un vrai champion, un vrai gagnant dans les relations humaines... En même temps, tu viens de vous trouver un point commun sexuellement parlant: vous aimez tous les deux les moules!!!"

Il se leva, et fit un tour sur lui-même. Toute agressivité l'avait déserté. Il ne bouillonnait plus, et aucun mot ne lui venait à l'esprit. Il n'avait une aucune idée pour relancer la conversation. Pour lui, l'explication était claire comme de l'eau de roche, et la jeune fille fille en face de lui ne lui inspirait plus rien, sinon de la tristesse et de la pitié. Sa mine renfrognée et ses épaules voûtées composaient un être en perdition, prisonnière d'un enclôt qu'elle s'imposait elle-même. La seule personne qui puisse la libérer n'était autre qu'elle-même. Mais encore fallait-il qu'elle le désire.

"- Putain, sans déconner. T'as 33 ans... C'est juste super triste, en fait. Tu ne t'assumes pas et tu te voiles la face. Ef réalité, tu te pourris la vie et tu t'interdis carrément d'en profiter, alors qu'il n'y a aucune honte à aimer les femmes. Vraiment, c'est... Je ne sais pas comment le dire... Pourquoi tu refuses ce que tu ressens à ce point? Le jour de tes 40 ans, tu vas te réveiller, et réaliser tout le temps que tu as perdu. Je voudrais vraiment pas être à ta place. Tout ça à cause de quoi? Putain, que t'aimes un homme ou une femme, c'est pareil, tant que t'aimes et que tu profites!!!"

Il attrapa les deux tasses vides sur la table basse, et prit la direction de la cuisine.

 

- Je te refais un café?, demanda t-il.

- Oui, s'il te plaît.

 

Il s'adossa sur l'évier, et vida l'air dans ses poumons.

"- Bon, bah voilà. Et maintenant? Tu fais quoi? Tu lui as annonces de but en blanc "Sandrine, je crois que t'as lesbienne et que tu devrais essayer de te bouffer une bonne grosse chatte. Tu verras, c’est juste géniale", ou tu retournes là-bas et tu la laisses faire son cheminement toute seule comme une grande? En même temps, c'est vraiment bizarre. Ca fait 5 mois qu'elle vient te voir, elle a finit par se laisser aller; Puis par accepter d'enlever sa culotte, et d’enquiller  3 centimètres de ta micro-bite, quand même!!! Mais qu’est ce qu’elle cherche, sans déconner?”

Peu pressé de retourner dans le salon, il opta pour des doubles cafés, gagnant ainsi du temps pour réfléchir.

“- Sérieusement, je ne sais pas quoi faire. Putain, ce n'est pas à moi de lui annoncer qu’elle n’aime pas le pénis, quand même. Mais bordel, pourquoi je tombe toujours sur des situations de merde!!! Je me tape toujours que les cas difficiles. Ca ne peut pas être simple, des fois, les histoires de cul!"

Les secondes défilaient, et il se savait condamné à la rejoindre. Mais pour lui dire quoi? Parce que maintenant qu’il avait percé le mystère, ça ne résolvait pas son problème: il fallait passer par l’étape “séparation”. Et faire ça chez lui, à 2h30 du matin ne lui paraissait la meilleure solution possible. Surtout qu’il lui faudrait forcément justifier sa décision.

 

- Bon, avec tout ça, personnellement je suis bien crevé. Je te propose qu'on se grille une dernière clope, et puis au dodo! Demain est un autre jour, et je pense que le sommeil nous fera du bien à tous les deux. Tu ne bosses pas, et moi non plus, donc autant en profiter pour arracher un peu de repos.

- Oui, t'as raison, répondit-la demoiselle sans le regarder.

 

L'atmosphère de la pièce avait changé. L'électricité qui emplissait encore l'air quelques minutes auparavant avait complètement disparu, et un silence convenu s'installa entre les deux protagonistes. Chacun écoutait la musique, discutant silencieusement avec sa cigarette.

Le cendrier encore fumant, ils passèrent tous deux dans la petite salle de bain, revenant à une réalité plus terre à terre le temps de se brosser les dents. Mais à aucun moment leurs regards ne se croisèrent, et jamais leurs corps ne se frôlèrent. Dépressix attendit que Sandrine libère l'accès à l'évier, laissant un bon mettre de distance pour qu'elle passe, pour prendre son tour dans le petit espace de toilette. Leur langage corporelle exprimait ce que tous deux n'avaient le courage de formuler: c'en était terminer du couple Sandrine/Dépressix.

Ils s'installèrent ensuite sous la couette, dos à dos et chacun de leur côté. Ni l'un ni l'autre n'osait briser le silence.

Le garçon attendit que les mouvements derrière lui s'arrêtent, puis il éteignit la lumière, sans même s'assurer que Sandrine soit bien installée. L'atmosphère, sans se révéler pesante, transpirait la gêne et les non-dits. Dépressix voulait briser le silence et cherchait désespérément des paroles rassurantes à prononcer. Ou tout au moins un sujet de conversation frivole, pour clore cette journée sur une note légère. Mais aucun mot n'affluait à sa bouche. Il n'avait tout simplement rien à dire à Sandrine. Il ferma les paupières, résignés.

En un quart de seconde, sa position en chien de fusil et le sifflement d'une respiration derrière lui le ramenèrent des années en arrière, dans une autre chambre et dans un autre lit. Pour la seconde fois de la soirée, Sandrine rappelait à sa mémoire des moments pénibles de ses couples précédents.

Il avait expérimenté ce genre d'ambiance doucement amer et terriblement malsaine quand il dormait avec l'une de ses exs, et que suite à une prise de becs, chacun campait sur ses positions sans jamais prendre l'initiative d'agir pour rétablir la paix. Mais à cette époque, il mettait toujours son ego en veilleuse et lançait la traditionnelle "réconciliation sur l'oreiller".

Or dans le cas présent, il ne pouvait proprement rien faire: il n'y avait aucune braise à raviver, puisqu'aucun feu n'avait jamais brûler entre eux. Et il n'y avait surtout aucune querelle à apaiser, car concrètement aucun conflit ne les avait opposé: le seul vrai sujet de discorde auquel ils faisaient face se trouvait enfoui au plus profond de l'esprit de la jeune fille.

 

"- Bon, bah voilà. Il n'y a plus qu'à dormir. L'affaire est pliée, elle aime les femmes, mais pourtant elle dort dans ton lit... Celle-là, dans leur genre "histoire foireuse", tu t'en souviendras encore dans dix ans... Surtout que si tu réfléchis bien, elle incarne tout ce que tu redoutes depuis des années, tout ce que t'essaies de fuir chaque samedi soir parce que ça te terrifie: la passivité et l'inactivité. Le fait de regarder ta vie défiler en attendant que quelqu'un la prenne en main pour toi. C'est exactement ce que fait cette demoiselle depuis des années. Elle incarne une enveloppe charnelle vide, qui en plus rejette systématiquement ce qu'elle désire. Tu auras beau t'entêter à vouloir lui ouvrir les yeux, tu perdras ton temps, ton énergie et ta volonté... Bref, retour à la case départ, demain tu la lourdes et tu fais soirée branlette!!! T'as quatre mois de sperme à vider, je te rappelle!!!"

A cet instant, l'improbable se produisit en lui tombant dessus.

Le bois du lit hurla quand Dépressix s'enfonça dans le matelas, écrasé sous un poids mort: Sandrine et son gros cul venait de s'abattre sur lui dans un mouvement digne des meilleurs combats de catch. Profitant de l'effet de surprise, deux mains lui écrasèrent les épaules et l'immobilisèrent pendant qu'une langue fouillait dans sa bouche, tournant à deux cents à l'heure.

Par réflexe, Dépressix colla ses deux mains sur le visage de la jeune fille et repoussa sa tête. Il reprit sa respiration, interloqué par la soudaine bestialité qui saisissait la demoiselle.

 

- Att..., essaya t-il de marmonner après avoir aspirer une goulée d'air.

 

En guise de réponse, la jeune fille lui écarta violemment les mains et replongea vers son visage. Elle affichait une farouche détermination, comme poussée par l'énergie du désespoir.

 

"- Mais à quoi ça te sert, vraiment? T'essaies de te persuader, de te forcer, mais ça ne m'intéresse pas!!! Quel est l'intérêt de coucher avec quelqu'un qui se force, quelqu'un qui ni envie ni désir... Arrête d'essayer de rentrer dans la norme, et sois-toi même... Putain, je ne sais pas ce que t'essaie de te prouver, mais tous tes gestes semblent forcés. T'essaies de passer à l'acte pour te convaincre que tu n'aimes vraiment pas les hommes?"

Pendant qu'il analysait la furieuse insistance de sa copine, celle-ci s'escrimait encore une fois à frotter son bassin sur celui du garçon, provoquant une érection uniquement biologique.

 

"- Bah voilà, c'est malin... T'as réveillé la bête, mais on sait tous les deux que ça ne servira à rien. On ira pas au bout, et je vais encore rester sur mes frustrations."

Alors Sandrine prononça ses premiers mots depuis une petite heure.

 

- Il te reste des préservatifs? murmura t-elle.

- Oui, je crois... Je n'en ai pas racheté, mais il me semble qu'il en reste un. Pourquoi?

- Mets-le, s'il te plaît...

 

Bien que sa tête lui hurla le contraire, Dépressix obtempéra. Il ouvrit le tiroir pendant que sa copine lui ôtait son caleçon.

 

"- Putain, c'est la première fois que t'es aussi entreprenante. Sentirais-tu que la fin est proche? Enfin bon, dans tous les cas, on sait tous les deux comment ça va se passer. Je vais enfiler la capote, et avant même que je ne t'ai enfoncé mon gland, t'auras décampé à l'autre bout du lit. Alors on se couchera une fois de plus dans une ambiance pourrie, frustrés et amères. Sérieusement, pourquoi tu te forces?"

Il déchira l'emballage plastique, et saisit le réservoir suintant de lubrifiant. Sandrine, dressée au niveau de ses jambes, le regardait dérouler la protection sur sa verge. A travers l'obscurité, Dépressix fixa sa partenaire.

La commissure de ses lèvres pointait vers le bas, la tête en retrait par rapport à ses épaules. Ses mains avaient relâché leurs étreintes, ne s'appuyant plus sur le corps du jeune homme que dans un soucis d'équilibre. Un quart de seconde lui avait suffit pour repasser d'actrice de la relation à simple spectatrice, voir à un rôle de simple fantôme. La fureur et le désir l'avait désertée, laissant visiblement ses craintes reprendre le contrôle.

Mais il y avait tout de même une nouveauté: cette fois-ci, elle n'était pas que sur la défensive. Elle affichait un véritable dégoût pour le geste du garçon.

Avant que le latex ne recouvre complètement le sexe de Dépressix, le mal était fait. Si le contact du plastique provoque toujours une légère déclinaison de la bête, l'expression qui tordait la figure de sa partenaire acheva de le faire débander.

 

"- Allez, Popole, debout!!! On se réveille, là, ce n'est pas le moment de dormir. Je te demande juste 5 minutes!!! C'est tout. Tu plonges la tête, et elle t'aura mis dehors avant même que tu ne t'en rendes compte. Mais au moins, tu m'auras permis de sauver l'honneur!!! Allez, debout, petit con, debout!"

Mais rien n'y faisait. Il avait beau essayer de contracter le muscle pour la faire gigoter, sa verge ramollissait à vue d'oeil.

 

"- Et pour couronner le tout, je ne peux pas compter sur elle pour tirer dessus et la remettre un peu en forme!!! Forcément... Bon aux grands maux, les grands remèdes!!! Après tout, on est jamais mieux servi que par soi-même. Avoir une tête remplie de saloperies, ça aide. Alors pense à un truc bandant..."

Il ferma les yeux et se concentra. Sandrine se replaça sur lui, plaquant le tissu de sa culotte sur sa demi-molle. Dépressix plaça alors ses mains sous ses cuisses.

 

- Attends, je veux bien que tu te soulèves un peu, parce que tu m'écrases les parties sensibles.

 

Il rabattit son matériel vers le nombril, laissant la jeune fille se réinstaller à la moitié de ses cuisses. Puis il ferma les yeux, en quête de la concentration nécessaire à dresser sa verge.

"- Allez, une actrice de films de boule!!! Oui, ça c'est bon... Clara Morgane?... Non, elle un orteil pourri, ça ne marche pas! Une autre... Zara White? Ah... Elle était terrible dans rêve de cuir, avec les corsets, les portes-jarretelles et les strings en vinyle. Et ses jambes bien fermes, galbées par ses cuissardes! Putain, ça c'était de la bonne femme!!! C'est bon, tu tiens le bon bout. Maintenant, mise en situation. Imagine la sur ta gueule..."

Il sentit instantanément le sang afflué au niveau de son bassin. Contractant les muscles, il sentait Popole se soulever. D'abord péniblement et par soubresauts, mais son membre retombait invariablement, trop mou pour prétendre à une insertion.

Il décupla ses efforts mentaux.

 

"- Allez, quoi, souviens toi de ses lingeries exceptionnellement érotiques, ses culottes trouées devant/derrière, et ses petites fesses... Ah les fouets et les martinets... Ah, quand même..."

Il pointait au garde à vous. Droit comme un piquet et dur comme du bambou. Le chemin avait été long et difficile, mais il avait réussit à s'exciter, tout seul comme un grand. Il ouvrit alors les yeux.

Et là, ce fut le drame.

La simple vision de Sandrine, dressée sur lui, ruina tous ses efforts. Ses mèches blondes trop courtes, ses seins en gant de toilette, sa bouche tordue et la peau d'orange sur ses cuisses agirent comme un jet d'eau glacée. A mille lieux du potentiel érotique d'une actrice de porno en cuir, celle qui lui faisait face aurait fait ramollir une branche d'arbre, voir le tronc entier.

Il referma aussitôt les yeux.

 

"- Putain, même dans le noir, tu me dégoûtes. C'est maintenant que je comprends pourquoi les gens disent: "il ne fait jamais nuit à Paris". Impossible de se retrouver dans l'obscurité totale. En même temps, c'est de ma faute, je n'avais qu'à fermer les volets. En même temps, ça aurait été pire, j'aurai eu l'impression de tripoter de la gélatine. Bon, ce qui est fait est fait... Putain, c'est la dernière capote, et si je n'agis pas très rapidement, Popole sera tellement mou que je n'aurai plus qu'à balancer ce bout de plastique."

Vint alors son tour de tordre la bouche. Il venait de trouver la solution. Une personne vers qui tourner ses pensées et bander à coups sûrs. Mais il ne pouvait s'y résoudre. Décemment, il n'avait pas le droit de s'autoriser à user de ce stratagème. Autant par respect pour Sandrine, pour peu qu'il lui en reste un peu, que vis à vis de lui-même et de sa santé mentale.

 

- Ca va?, demanda Sandrine, intriguée par le visage déformé de son petit ami.

- Oui, oui, ne t'inquiète pas. C'est juste que la journée a été dure, et que je suis un peu crevé. Je suis désolé, mais bon, ça ne marche pas à tous les coups., répondit-il en désignant son pénis qui ramollissait un peu plus à chaque seconde.

 

Il referma les yeux, prêt à lutter contre son esprit. Sur le point de bousiller six mois d'efforts, le combat s'annonçait serré. Mais il ne fallait surtout pas qu'il abdique. S'il capitulait face à ses souvenirs, s'il acceptait ce qu'il ressentait réellement au fond de lui-même, il replongerait pour de nouveaux mois de calvaire, à chercher le reflet d'une seule personne sur le visage de toutes celles qu'il croiserait.

 

"- Laisse toi aller! Profite des images et des souvenirs. Allez, souviens-toi comme c'était chaud et apaisant d'être dans la portugaise et de croquer son petit cul bien ferme. Rappelle toi les folles parties de jambes, à explorer chaque recoin de son corps, et comment vous étiez en parfaite harmonie quand il s'agissait de cochonneries!!! Allez, tu sens les effets immédiats sur ton kiki?... NON, NON, NON et NON!!! T'as pas le droit de penser à ton ex! Pas à cette sale petite conne, pas après ce qu'elle t'a fait... Même si... Putain, c'est vrai qu'elle faisait des pipes d'enfer... Mais non, elle n'est pas là, et en plus t'en as fini avec elle. Tu es passé à autre chose depuis bien longtemps... Alors maintenant, comporte toi comme un homme. Tu vas ouvrir les yeux, repousser Sandrine sur le côté, lui dire clairement que Popole ne peut pas durcir, et tu dégages ce bout de plastique. Et vous vous couchez. Demain est un autre jour, et tu verras bien..."

Et pour une fois, il suivit le plan à la lettre, étape par étape.

Et moins de cinq minutes plus tard, il s'endormit, Sandrine dans son dos, sans qu'il n'y ait le moindre contact physique entre leurs deux corps.

Mais le mal était fait: la tête de Dépressix n'était plus dans ce lit, et entre ses cuisses, sa queue était plus dure que jamais. Il trouva le sommeil en replongeant dans une courte période de sa vie, pendant ces quelques mois où les fesses d'une portugaise lui avait offert des parties de jambes en l'air mémorables. Mais ces quelques semaines représentaient surtout des instants de pure magie, au cours desquels il ne s'était jamais senti aussi bien de toute sa vie, et qui représentaient la dernière fois qu'il avait eu l'impression de vivre pour de vrai...

 

... A suivre: Saison 2, acte 1, scène 16...

 

Une fois n'est pas coutume, la conclusion frappera le clavier en fin d'après-midi, dans la foulée du reste, et non aux alentours de minuit comme d'ordinaire. Parce qu'après tout, tant qu'à écrire de la merde, autant essayer d'en capter chaque sensation sur le vif.

Pour commencer une pensée qui me traverse chaque fois, mais encore plus en replongeant dans cette partie de l'histoire. J'espère (mais j'en doute) que les excès de vulgarité parlent d'eux-mêmes quant au dégoût que l'on peut ressentir pour soi-même dans ce genre de situation. Mais parce que l'intérêt de coucher un truc sur papier, c'est que chacun peut l'interpréter comme il le désire, cette question demeurera à jamais sans réponse, et c'est tant mieux...

Pour la chanson, un artiste bien de chez nous pour une fois. Et pas des moindres, puisqu'à mon humble avis (et ça n'engage que moi), il s'agit du plus beau gâchis des années 1990-2000 de la scène française. Un authentique génie qui, tel Midas, transforme en or tout ce qu'il touche, écrit ou produit... Le genre de bonhomme dont le talent semble sans limite, que vous jalousez tant ses mélodies sont imparables, et qui peut (ou pouvait) clairement tout se permettre.

Jusqu'à ce qu'il choisisse entre "Variétés pour ménagères avec un fort pouvoir d'achat et pas assez "high tech" pour télécharger" et "rock intègre, avec des couilles et des vrais sentiments". Et pour le plus grand bonheur de Chérie FM et de son banquier, le coco décida...

Mais qui?

Pascal Obispo... Voilà, le nom est lâché...

Parce que quand le coco vous pond des trucs comme "Personne" (dont il signait également les paroles, tout comme "tomber pour elle" et les autres tubes de l'époque...), je mentirais si je boudais mon plaisir d'entendre ces ritournelles, certes légères, mais toujours propre à mettre en branle mon côté midinette.

Puis arriva l'époque où il était partout, à faire de la merde en barre comme "Millésime", ou encore les albums de Florent Pagny, et à inonder la variété française de sentiments factices et convenus rédigés (avec certes mille fois plus de talents que ce que je n'écrirai jamais... NDLR) par Lionel Florence. Souvenez-vous, l'ancien prof de dessins, juré de la toute première saison de "la Nouvelle Star", et pilier de la "Obispo team".

Enfin, le coco était clairement le Goldmann de la génération suivante, et autant l'un est resté fidèle à son truc, autant l'autre à quand même pondu de sacré daube. Pour le petit comparatif, quand l'un et l'autre écrivait pour l'alcoolique-camé et meilleur ami du fisc le plus célèbre de France (Johnny!!!),  l'un lâchait "Laura" ou “Je te promets” tout en mélancolie, et l'autre pondait un "Allumez le feu" sacrement cliché.

Bref, je crois que comme beaucoup, j'aurai tué pour avoir un millième du talent de ce mec, et la frustration parle en constatant ce qu'il en a fait...

C'est le moment de reconnaître que je ne suis qu'un branleur, et que tout ce laïus n'engage que moi... Mais au moins, pour utiliser ses propres phrases "Personne n'aura ma liberté de penser"...

Ceci étant, revenons à nos moutons, et à un tube qui me transporte toujours des années en arrière, à l'adolescence.

J'ai souvenir d'un débat à la cantine du lycée, ou avec d'anciens camarades de galère, le but était d'essayer de décrypter les paroles de cette chanson. Chacun y allait alors de sa propre théorie, selon son expérience, ou plutôt son inexpérience de l'époque. Parce que les quelques mots, somme toute assez vagues, laissaient un grand nombre d'interprétations possibles.

Puis, en grandissant et en laissant les gens partager votre vie, on finit par en saisir plusieurs sens, avec plus ou moins de puissance.

Tout le monde, je pense, a connu au moins une fois la situation dans laquelle ces quelques mots m'ont littéralement explosé à la gueule. Quand en face de votre donzelle, vous réalisez qu'elle n'est en réalité qu'un palliatif à une autre. Ou quand dans un lit, vous faîtes l'amour à un souvenir, occultant totalement celle que vous tenez contre vous, fermant les yeux au plus fort pour imaginer votre ex à sa place.

Si dans ces moments-là, l' après n'est déjà pas formidable, le pire réside peut être dans le fait de croiser votre reflet le lendemain matin. Quoiqu'un autre instant vaut également pas mal de points quand il s'agit d'éreinter votre estime de vous-même: quand cette demoiselle vous embrasse en murmurant "je t'aime" et que vous lui répondez par un mensonge qui vous lacère l'estomac.

Surtout que ce genre de merde appelle bien souvent une réaction en chaîne, tel des dominos qui se percutent les uns les autres.

Car quand dans un couple l'un des deux est sincère, s'offrant corps et âmes au jeu de dupes de l'autre, il repart irrémédiablement la tête basse et le coeur lourd de souffrance. Et cette douleur, il la régurgitera sur celle qui partagera sa relation suivante, qui était sincère et finira par porter à son tour le même poids dans sa poitrine, qu'elle transmettra à son tour à son amant suivant... Et ainsi de suite... Parce que ce genre de sentiment et de haine obéit également au principe de Lavoisier: "Rien ne se perd, rien ne se créer"...

Jusqu'à ce que quelqu'un ne décide d'arrêter là le transfert malsain, et de garder cette colère tout au fond, ou de s'en servir à des fins plus constructives...

Enfin, trêve de théories foireuses...

Place à des mots de qualités, ou en tout cas, face auxquels mon pitoyable phrasé ne pourra jamais rivalisé...

En 1996, sur l'album "Superflu", Obispo chantait donc "Où et avec qui tu m'aimes", des mots d’un certain Didier Golemanas.

 

Ca ressemble à une histoire d'A...

Où personne ne dit la lettre qu'il a

Ca ressemble au temps qu'il fera...

Mais personne ne sait le temps qu'il faudra...

 

Et je me demande où et avec qui tu m'aimes

Et je me demande où et avec qui tu m'aimes

On pourrait se méprendre

Mais dis moi où et avec qui tu m'aimes

Est-ce que ça ressemble à de l'amour

Dis moi, si j'accepte...

 

Ca ressemble à une histoire de...

Mais personne ne dit qu'il a envie de

Ca ressemble, mais c'est plus que ça

Où tu vas, ça l'histoire ne le dit pas

 

Et je me demande où et avec qui tu m'aimes

Et je me demande où et avec qui tu m'aimes

On pourrait se méprendre

Mais dis moi où et avec qui tu m'aimes

Est-ce que ça ressemble à de l'amour

Dis moi, où et avec qui tu m'aimes