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Date de création : 03.02.2012
Dernière mise à jour : 05.07.2014
63 articles


La mort du romantisme... Saison 2... Acte 1... Scène 1...

Bouh... La mort du romantisme... Saison 2...
...Acte 1: Une route pavée de bonnes intentions...
...Scène 1: Retour vers l'enfer...


- Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je vous veux justement là-bas, dans le magasin des quatre chemins, à Colombes.

Adossé aux murs de pierre froid, vous faîtes face à votre directeur régional, véritable nain de jardin sans barbe. Les mains jointes entre ses cuisses, il a cessé de soutenir votre regard à peine sa phrase terminée, attendant vos arguments en fixant le vide. 
En poste dans la société depuis six ans, son expérience des joutes verbales n'est plus à prouver. Il existe l'art et la manière de prendre les gens pour des cons, et force est de reconnaître qu'il en maîtrise tous les ressorts. Comme toute chose dans la vie, tout n'est qu'une question d'attitude. Pour faire passer des vessies pour des lanternes, rien de tel que "la cool attitude", où humour, tenue décontractée et empathie sont des armes de rigueur.
Ancien de chez Célio, il leur est resté fidèle pour ses tenues. Engoncé dans son jean et sa chemise blanche "coupe cusual", il se veut un supérieur hiérarchique à l'image de l'entreprise qu'il représente, "fun" et "humain": « Chez Mim, on s’habille cool parce qu’il y fait bon vivre ». C’est vrai que se faire enculer par un mec "Sportswear" plutôt qu’en costard change énormément la durée de cicatrisation de votre ego...
Si dehors, le printemps diffuse ses premiers beaux jours, dans cette réserve de la porte de Bagnolet, la pénombre règne en maître. Les courants d’air s’engouffrent sous votre t-shirt pour vous mordre l’échine, et vous n’avez qu’une envie: mettre un terme à cette conversation le plus rapidement possible. D’autant que connaissant le bonhomme, vous savez que sous ses airs solennels et concernés, sa proposition pue l’arnaque à plein nez.

- Vous m'en avez il y a déjà parlé il y a trois mois...
- Et vous ne m'avez d'ailleurs jamais rappelé. 
- Tout simplement parce qu'en sortant d'ici, vous m'avez dit: "je ne vous fait aucune proposition officielle. Je reviendrai vers vous très bientôt". Et effectivement, vous revenez aujourd'hui, trois mois plus tard.

Ses yeux dérivent un bref instant par dessus de votre épaule, s’attardent sur l’affichage légal et les plannings prévisionnels, pour finalement s'abattre sur vous. Son esprit vient d’essayer de prendre la fuite, tout simplement, et il va tenter de garder la face. Ne le sentant plus aussi à l’aise, vous lisez sur ses traits que vous avez marqués des points en le prenant à son propre jeu. Il a tenté de prendre l’ascendant sur les négociations par la force, et se retrouve emporter par son élan, droit dans les cordes. Comme un con, il doit d'abord se battre contre sa mauvaise foi pour espèrer revenir dans le match qui vous oppose.
A cet instant, le petit homme ne vous inspire rien d’autre que de la pitié. 

Depuis deux ans qu’il chapeaute la région, il tente de remplir ses objectifs contre vents et marées. Jamais vous ne l'avez entendu critiquer ou remettre en cause la moindre décision de la direction. Il incarne l'homme le plus "pro" que vous ayez jamais rencontré. Tellement "pro" qu'il en est devenu complètement faux. Indigne de confiance. Inhumain.
Mais il faut tout de même le comprendre.
A sa décharge, il doit composer avec de nombreuses problématiques. Chacune de ses décisions ne découlent même plus d'une volonté, mais uniquement de contraintes. Soumis à la pression de ses supérieurs, il "subit" sa région plutôt que de la dominer, agissant sans cesse dans l’urgence pour faire face à des imprévus toujours plus nombreux. 
Dans les 31 magasins sous sa coupe, à part un seul homme (vous, bien sur), on ne trouve que des équipes exclusivement composées d’ovaires, avec toutes les difficultés inhérentes aux univers 100% vaginaux: rivalité, ego sur-dimensionné selon la taille des soutiens-gorges et autre maux de ventres composent son quotidien téléphonique.
Seul intermédiaire entre les surfaces de ventes et le siège, il se voit régulièrement pris dans un étaux, entre les foudres des cieux et les tempêtes du petit peuple, régulièrement sujet à des humeurs menstruelles. 
Et en ces temps de crise économique, les remous, les vagues, et les tsunamis sont légions. Mener sa barque d'une rive à l'autre revient à frayer entre des obstacles de toutes sortes, de toutes tailles, et surtout de toutes formes. Le coco étant un être humain comme un autre, sa patience et son inventivité sont arrivés à bout depuis douze bons mois. Il est clairement au bord de la rupture, tant vis à vis de lui-même que de ses collaborateurs.
Chaque fois qu'un point délicat fait son apparition, il n’applique plus que des pansements, masquant temporairement la plaie, mais laissant le mal en sommeil, sans jamais le traiter à la racine. La gangrène patiente alors tranquillement, attendant son heure, pour resurgir encore plus forte quelques mois plus tard. 
S'il agit de la sorte, c'est avant tout par soucis d’économie, par manque de moyen, mais surtout, et c'est là où le bât blesse, pour avoir des résultats concluants à présenter immédiatement à ses supérieurs. Car s'il met un point d'honneur à rappeler régulièrement qu'il a fait ses armes sur le terrain, tout comme vous et vos collègues, et que sa carrière tient de la construction artisanale brique par brique, son côté carriériste devance de peu sa crise de la quarantaine. A 39 ans, son être ne transpire désormais plus que d'un seul et unique désir: accéder au "monde du dessus", celui des connards aux notes de frais exorbitantes et illimitées, celui des fils de putes sans âmes dont les repères ne sont que des chiffres dans des colonnes, celui des hommes qui ne sont sincères qu'envers leur numéro de comptes bancaires. (Que leurs mères et les travailleuses du sexe me pardonnent, j’ai infiniment plus de respect pour elle que pour les pingouins qui gèrent des multinationales... NDLR)
Chaque lundi, ses paroles suintent ce besoin de reconnaissance, dégoulinant durant 45 minutes lors d'une télé-réunion. Il passe alors en revue les résultats de la semaine écoulée, jamais suffisant, cela va de soi, et jette les directives hebdomadaires à ses responsables de magasins. Si son humeur reste joviale jusqu'au lundi soir, sa frustration et sa lassitude reprennent le dessus dès le mardi, à la première heure, quand il réalise que ses équipes n'ont plus ni la force, ni la motivation d'être au taquet à 6 heures du matin, pour mettre en place les nouvelles opérations commerciales. Car plus personne ne supporte de se lever aux aurores pour une implantation que l'on vous somme de retirer, toutes affaires cessantes, à la mi-journée.
Le fossé de se creuser entre ce petit homme, qui fut à une époque dans le même camp que vous, celui de la chair à canon, mais qui semble désormais implorer le dieu "Euro" de lui sucer les derniers restes d'authenticité.
Car malgré tous ses efforts pour s'y accrocher, il a renoncé depuis bien longtemps aux valeurs qui lui tenaient à coeur, et au passage à sa logique de développement pour ses équipes. 
Sa tête coule et croule sous les flots, et il ne se démène plus que pour essayer d'arracher un sursis. Il exploite ses ressources jusqu'à la corde, usant ses responsables de magasin jusqu'à ce que leurs nerfs lâchent. Incapable d'être à l'écoute de qui que ce soit, les arrêts maladies pour dépression pleuvent sur sa messagerie encore plus vite qu'il n'enchaîne les cigarettes. Tout indique qu'il a déjà commencé à sombrer par le fond, et ses derniers efforts ne lui servent qu'à essayer de le cacher.
Régulièrement, il « dépouille » les équipes bien rodées, pour des missions ponctuelles, évidemment non rémunérée. Certains jours, vous ouvrez votre point de ventes, effectuant vos 7 heures contractuelles. Puis, alors que vous vous apprêtez à annoncer fièrement à vos collègues qu’il est l’heure d'aller chasser la bonne femme, le téléphone sonne et condamne à nouveau votre appétit sexuel à ne dévorer qu'un vulgaire porno sans saveur ni odeur.

- Bon, qui finit le plus tôt dans l’équipe ? J’ai absolument besoin de quelqu’un, je vous le revaudrai, je n’ai vraiment personne d’autres sur le coup.

Vous offrez alors à la société 7 heures de votre temps, effectuées autant pour la gloire que pour satisfaire votre professionnalisme jeune et naïf, conscient que vous n’en obtiendrez jamais la moindre contrepartie.
Voilà le genre d'homme dont vous vous efforcez d'obtenir les grâces. Celui à qui vous espérez pouvoir faire confiance. Celui qui est sensé voir et reconnaître ce que vous apportez là où vous passez.
Bref, celui qui vous encule avec le sourire et qui exploite votre naïveté et votre peur d'ouvrir votre bouche pour jouer carte sur table.
Celui qui, sur le coup, ne vous inspire que de la pitié, car vous savez qu’à une époque, il a été humain. A une époque pas si lointaine, il mettait encore le pied à l’étrier de certain, lançant d’un coup de pouces certaines carrières.
Mais ça, c’était avant...

Qu’importe... Sur l'instant, la situation est différente : il est face à vous, dans cette réserve froide et exiguë, et vous pouvez presque sentir et voir la merde dont il essaie de s’extraire s’agiter autours de lui. Et pour s’en sortir, il n’a d’autres moyen que de vous convaincre d’y plonger à sa place.

- Euh... Ah bon... Bref, j'ai besoin de quelqu'un et je ne veux pas n'importe qui. Je vous veux vous. Je sais que vous pouvez mener à bien cette mission.

Voilà, il tente la pirouette classique. Le côté brutal ne lui ayant pas valu gain de cause, il change d’angle d’attaque. D’abord, il vous flatte un peu, puis joue sur l’empathie et sur le côté humain.

- Pourquoi? C'est quoi la mission?
- Du ménage dans l'équipe, il y en a deux qui n'ont plus leur place là-bas, et il faut redresser la situation. Mais surtout, tu… Euh, pardon… Vous ne serez pas tout seul là-bas…

Dernière étape dont il s’est fait une spécialité : la langue qui fourche et qui joue sur le tutoiement. Car le bonhomme sait se servir de ça. De nature avenante, il cultive un certain sens de l’humour qui lui permet de rester humain. Les moments dans lesquels sa conscience d’entreprise reprend le dessus n’en sont que plus choquants encore. Et parfois, il se surprend à employer la deuxième personne du singulier. Ou, plutôt, il fait semblant de se surprendre. 
Plus direct, plus franche, moins formel. Plus familier, mais plus amicale également. Professionnellement, cela implique une relation de confiance établie, dont le respect est tacite mais bien présent. Car dans une engueulade qui invoque ce pronom personnel, le sacro saint « tu », le ton a une fâcheuse tendance à monter très rapidement, trop rapidement. Mais malin comme un singe, ce connard n'emploie jamais ce type de rapprochement, excepté quand il essaie de paraître sympathique et proche de vous.
Qu’il se permette ce genre de familiarité se révèle toujours à double tranchant : il vous laisse ainsi entendre qu’il vous apprécie, et que si sa position l’empêche de « se lâcher », il vous tient tout de même en estime à l’intérieur de son cercle de confiance. Evidemment, il sait l’importance que vous attachez au côté humain, et n’hésite jamais à outrepasser le raisonnable pour « manager à l’affect ». 
Surtout quand il est vraiment désespéré. Il usera alors de tous les stratagèmes possibles que vous partiez en mission suicide dans son point de vente dont personne ne veut.

- Bon, écoutez, je vous fais cette proposition. Je veux savoir si c’est la peine que j’aille voir ma direction pour leur en parler ou pas. Prenez le week-end pour réfléchir, et vous me rappelez lundi. Bon... je vous laisse, il faut que j’aille mettre un compte rendu d’incident… Putain, je vous jure, il y en a certaines qui ne veulent décidément rien comprendre. Enfin… Je compte sur vous. Ca vous fera vraiment du bien. Vous tournez en rond ici, et je veux vous voir grandir encore…

En le regardant s'éloigner, vous rejoignez vos collègues. Depuis un an, vous partagez avec eux la réalité du terrain, et vous n'avez rien à leur cacher. De surcroît quand le "grand schtroumpf" considère votre départ comme acquis et actée.
Quittant son carton, la mère célibataire de l'équipe vient vous offrir sa bonhomie et son soutien, dans sa peau couleur ébène et son léger accent créole.

- Alors, il a tenté la sodomie avec graviers, ou à sec, comme à la bonne époque?
- Je crois que je vais finir la journée avec un string, les croûtes auront moins de surface pour s'accrocher. Quel sale con...

Vous avez beau y avoir mis du coeur, votre réponse ne la trompe pas. Pas plus que le sourire factice qui vous tord la bouche.

- Te force pas, j'imagine qu'il a encore fait une proposition de merde. Mais entre rester ici, dans des excréments dont on a tous fait le tour, et un chiotte tout nouveau, avec de nouvelles bactéries, ton choix est déjà fait, non?
- Ouais, faut que je bouge, besoin de nouveauté. Mais reste la question financière.
- Il n'en a pas parlé, j'imagine?
- Tu penses bien que non... Putain, comment on peut autant connaître la saloperie qui nous fait face, et pourtant continuer à se laisser berner?
- Allez, t'inquiète. Te prend pas la tête. Va te détendre. T'es en repos demain en plus. Profite de ta soirée.

Les yeux dans le vide, vous hésitez. Un court instant, certes, mais vous vous interrogez quand même. Une pensée vous brûle la langue et réclame de sortir, mais la partager ne serait pas correct. Ce ne serait ni classe, ni professionnel. 
Par contre, ce serait vraiment bon. Sincère et orgasmique. Terriblement jouissif...
Et puis merde, après tout... A quoi bon continuer à vous retenir. Vous en avez marre, et ne voulez surtout pas devenir comme le nabot qui vient de vous mettre une nouvelle fois le moral dans les chaussettes. 
Au milieu de la surface de vente et des clientes qui s'agitent tout autours de vous, vous vous lâchez. Votre coeur parle alors sur un ton froid et solennel.

- La seule chose qui puisse me détendre, c'est une grosse partie de jambes en l'air. Bien violente et dégueulasse. Nom de Dieu, il faut que je baise. Faut vraiment que je me bouffe une grosse moule qui suinte...

Et tandis que la surprise décroche la mâchoire de votre collègue, vous vous dirigez vers la réserve pour remballer vos affaires et quitter cet endroit, avec seulement une heure et demi de retard par rapport à ce que prétendent les plannings. 
Les yeux rivés au sol, vous composez machinalement le code de le porte. Votre reflet dans le carrelage sombre et usé vous adresse un message, brutal et violent. Cette masse informe, au contours mal définis, est la représentation parfaite de ce que vous êtes devenu au cours des quelques années dans cette entreprise: un carré sur lequel les gens marchent, crachent et jettent leurs détritus. Au jour d'aujourd'hui, vous appartenez au passé, et vous n'êtes plus bon que pour deux choses: être remplacé, et dégagé à la poubelle. Ou plus diplomatiquement, prendre en charge un magasin dont personne ne veut et qui vient d'avoir raison des trois dernières responsables qui ont tenté "le challenge".
Mais pour l’heure, vous avez fini, et la seule chose avec la quelle vous consentiez à vous torturer l’esprit est la surcharge pondérale qui gêne vos testicules. 
Enfilant votre veste, vous consultez votre portable, au cas où une sublime demoiselle au cul d'enfer ait fait une erreur de numéro et vous supplie de venir éteindre l'incendie qui menacerait ses ovaires. Evidemment, aucune supplique érotique ne vous attend, mais un pote vient tout de même sauver votre journée. En un texto, il vous arrache à une noyade programmée dans un océan de solitude.

"Alors, ça va gros pd? Ce soir 19h au bar... T'étais pas censé voir ta grosse frigide hier? Faut que tu me racontes..."

Au moins, grâce à ce boulot de merde, vous avez oublié que l'aspect "sentimentale et affectif" de votre vie venait également de toucher une nouvelle fois le fond. Enfin, le terme exact serait "stagner" au fond.
Effectivement, la veille au soir, vous avez récupéré vos clés, mettant un point final à une histoire de trois mois.
Essayant de vous convaincre que "tout ira mieux demain", vous saluez vos collègues dans un soupir las et sans conviction, avant de prendre le chemin vers le bar. Vous savez qu’il va vous falloir faire le récit de cette histoire brève, mais suffisamment riche en anecdotes pour entrer dans la légende. Et constater une nouvelle fois que votre vie n’est qu’une étendue vide de tout plaisir ne vous enchante guère. Même si vous savez que vous terminerez la soirée avec trois litres de cidre dans le bide, et que le lendemain matin, la bouche pâteuse et l’estomac en vrac, vous entendrez la cloche d’une cathédrale cogner dans votre crâne.
Après tout, qui peut se vanter d’avoir une vie palpitante?
Sur le coup, la seule réponse qui vous vienne à l’esprit est: “tout le monde...sauf moi.”
Vous empruntez alors les escaliers mécaniques pour arriver sur le parvis du centre commercial, sous une pluie battante et un ciel complètement noir. La situation se révèle idéale pour pousser plus loin votre raisonnement: “je ne suis définitivement qu’un putain de looser”.
Cette délicieuse sensation au fond des tripes, vous prenez le métro pour rejoindre votre ami, et réalisez que vous n’avez toujours pas confirmé pour ce soir. La sonnerie des portes automatiques retentit quand vous appuyez sur la touche "envoi", et vous regardez alors partir le résumé de ce que vous ressentez, depuis maintenant trop longtemps.
Beaucoup trop longtemps...

"Bouh... Ca marche... A toute... Effectivement, il faut que je te raconte comment j'ai lourdé mon sac... Putain, pourquoi toute ma vie n'est-elle qu'une longue étendue de merde?"

...A suivre: Saison 2, acte 1, scène 2: ...comment un radeau peut larguer un chalutier...

Pourquoi?
Pourquoi ce retour à composer des mots sur un clavier, après avoir fait voeux de silence?
Pourquoi une saison 2, alors que la saison 1 se terminait dans un éclat de violence venu d'on ne savait où?
Parce que certaines nuits, comme la dernière, même après m'être tiré sur la nouille une centaine de fois, fécondant la faïence de mes chiottes d'environ cinquante milliards de spermatozoïdes, le sommeil ne voulait toujours pas de moi. Retournant les oreillers en quête de fraîcheur, gigotant dans les draps, impossible de faire taire la petite voix dans ma tête. Même avec un casque et de la musique tibétaine dans les oreilles. Elle continuait à se faire entendre, surplombant les chants zen et relaxant. Et pour une fois, ce qu'elle disait avait du sens.

"Bouge toi le cul, ou continue de n'être rien. Certes, tu n'écriras jamais que de la merde. Mais au moins, c'est la tienne. Alors laisse couler sans juger chaque mot qui s’écrase sur le clavier. Si tu les empêches de sortir, ils continueront de te bouffer".

Fidèle à moi-même, je m'entêtai à garder les yeux clos, dans l'espoir que mon cerveau finisse par la fermer.
Mais, au bout d'une heure d'acharnement à trouver les bras de Morphée, je me rendis à l'évidence. Mon sexe refusait de se dresser, encore plus épuisé et lessivé que moi. Que je le torde avec force, ou que j'en caresse délicatement le bout rosé, il ne voulait rien savoir. Il demeurait dans ma main, ridiculement flasque et minusculement inconsistant. Une nouvelle masturbation nécessitait indubitablement du viagra, au risque de le tuer. Quoi qu'il en soit, ayant banni de mon armoire à pharmacie tous produits dopant, il me fallait trouver un autre exutoire.
Et parallèlement, la petite voix continuait 
Je me relevai alors pour laisser couler les lettres, qui finalement formèrent des mots, pour aboutir à retourner trifouiller "La mort du Romantisme".
Après tout, l'un des privilèges du roi était d'avoir la totalité de sa cour pour l'admirer en train de chier. Alors, pour peu qu'une seule personne lise mes merdes, elle fera de moi un roi.
Et si le manque de "self-confidence" revient dévorer le plaisir de coucher sur écran des pensées, me poussant une nouvelle fois à prétendre "vouloir pisser dans vos cadavres", sachez que le ridicule de ce type de déclaration ne visera, encore et toujours, qu'à m'empêcher de m'avouer cette triste vérité: "il me manque juste une paire de couilles pour pouvoir essayer d'être moi-même".
Enfin, pour reprendre ma pitoyable série, une petite réaction à cette grande mode de citer Nietzsche pour un oui ou pour un non. Non pas que je sois un fan du bonhomme ou de sa philosophie. Je ne suis même jamais allé au bout d'un de ces ouvrages, mon cerveau de mollusque, au potentiel intellectuel limité, ayant toujours refusé de comprendre ces grands concepts. Et donc, comme beaucoup de gens, mes contacts avec ses écrits ne dépassèrent jamais vraiment le stade des fameux "profils" que tout le monde à lu en large et en travers au moment du bac.
Mais justement, n'est il pas amusant de constater que son célèbre "ce qui ne me tue me rend plus fort" apparaît absolument partout, cuisiné et servi à toutes les sauces par toutes les bouches? De surcroît dans des chansons faîtes sur mesure pour des êtres moteurs et fédérateurs, tel notre "Jenifer" nationale?
Donc, dans ma grande prétention, je ne peux m'empêcher de penser que la légitimité revient non pas à ceux qui le citent, mais à ceux qui ont poussé un peu plus loin son raisonnement. Car cette fameuse force, qui découle d'un apprentissage douloureux, ne dépend-elle pas, avant tout, de la durée de cicatrisation de la blessure? Tant qu'une plaie reste ouverte, elle risque l'infection, et se révèle donc une faiblesse... 
Bref, Jenifer, en plus de ne pas faire durcir mon pénis, ne m'éclate pas non plus musicalement. Tout comme le prêt à porter féminin ne m'a pas réellement éclaté, mis à part la rondelle, laissant ainsi une grande plaie béante en forme d'anus explosé dans ma fierté. Cela ne me fera qu'un trou supplémentaire pour vomir la haine que le monde de la mode m'inspire.
Et il est grand temps que je m’y attelle de nouveau...
Sur "The high end of low", Marilyn Manson prouvait que si musicalement, il appartenait au passé, quand il s'agit d'avoir des coups de génie après deux grammes de coke, sa plume est toujours au rendez-vous. Ainsi donc, le refrain de "Leave a scar"...

I'm well aware I am a danger to myself
Are you aware I'm a danger to others
Whatever doesn't kill you
Is gonna leave a scar